Faux agents de joueurs : une arnaque qui se développe

Le dernier rapport de la DNCG indique que rien qu’en France, durant la saison 2019/2020, presque 136 M € ont été versés aux différents agents sportifs . Ces sommes à donner le tournis attirent de plus en plus de passionnés de football qui souhaitent en faire leur métier. C’est aussi le cas pour des personnes peu scrupuleuses, prêtes à abuser de la confiance de jeunes joueurs et de leur famille.

Le football a une économie très particulière, décrivons-la sans plus tarder…

Le modèle financier des clubs de foot ?

Le modèle financier des clubs s’articule autour des joueurs. Pour beaucoup de clubs, le joueur est même leur actif principal.

Si l'on met de côté les équipes les plus puissantes financièrement, on peut constater que chaque club est obligé de vendre un ou plusieurs joueurs pour boucler son budget annuel. 

Les clubs cherchent donc à recruter au plus tôt le futur M'Bappé.

Ce fonctionnement génère ainsi chaque année plusieurs milliards d’euros de transfert entre les clubs : en 2021, 4.9 milliards de dollars pour 18 000 transferts, ce qui entretient un environnement hostile pour tous les jeunes joueurs de football…

Devenir professionnel, une concurrence terrible !

En France, le bassin parisien fournit la majorité des joueurs de foot. La concurrence est rude entre les clubs afin d'attirer les jeunes dès le plus jeune âge. Beaucoup de jeunes en rêvent, mais moins de 10% finissent professionnels.

Il est facile pour des personnes peu scrupuleuses de promettre le succès et la gloire à des parents qui misent de grands espoirs en leurs enfants. Cette pression est d'autant plus exacerbée que beaucoup de familles modestes misent sur leur enfant doué pour sortir la famille d'une certaine précarité.

Pour illustrer cette concurrence, il faut savoir qu’il existe environ près de 40 centres de formations. Approximativement 60 jeunes dans ces centres, soit 2 400 joueurs en formation. Selon le CEET, 80% de ces jeunes ne finiront pas professionnel. Moins de 5% auront une belle carrière avec de hauts salaires.

D’où vient la rémunération des agents de joueurs ?

L’agent sportif se rémunère sur le salaire qu’il a obtenu à son client. Il touche de 5 à 10 % de la somme. Parfois plus pour les tops players. Ces dernières années, on entend beaucoup parler de Mino Raiola, l’ancien pizzaiolo, qui négocie des transferts records pour ses joueurs.

Beaucoup de spécialistes s’accordent à dire qu’il privilégie ses commissions (primes à la signature de plusieurs millions) à défaut de fournir un challenge sportif intéressant à la plupart des joueurs de son portefeuille (Kurzawa, Balotelli, Donnaruma, Pogba...).

Comment procèdent les faux agents

De nombreuses histoires d’escroqueries ont été recensées partout à travers le monde. La méthode est souvent la même : l’escroc se fait passer pour un agent et entre en contact de manière relativement masquée (WhatsApp, réseaux sociaux, coup de téléphone).

L'entrée en matière se fait avec un discours élogieux et la promesse d'essais dans les plus grands clubs. Une fois la famille séduite par le discours, le faux recruteur demande à la famille d’avancer différents frais (pour les intermédiaires, billets d’avions, hôtel). Une fois payé, le margoulin disparaît dans la nature avec les quelques milliers d’euros qu’il a empochés.

En 2010, la justice a condamné Marc Tendero, à 6 mois de prison avec sursis, pour exercice illégal de la profession dans le transfert de Wesley Ngo Baheng, jeune joueur du Havre AC vers Newcastle United FC. Depuis ce procès, peu de condamnations ont été prononcées par manque de soutien de la Fédération Française de Foot comme déplore le SNAS (le Syndicat National des Agents Sportifs).

Enfin, on peut aussi citer l’exemple de Amane DRAMERA, arrivé en France à l'âge de 16 ans et demi avec la promesse d’un essai au Paris Saint Germain. Un exemple parmi les centaines d’enfants africains qui sont victimes de ce type d’escroquerie. Suite à cela, Amane Dramera a d’ailleurs monté la fondation passeur de rêve, afin de sensibiliser les jeunes footballeurs.

Les clubs sont aussi touchés par ces imposteurs

Nous avons l’exemple du club danois de football de Viborg qui a signé le joueur Bernio Verhagen sans l’avoir vu jouer, seulement sur les dires d’un prétendu employé de l’agence Stellar Group.

Le footballeur de 25 ans ne fit illusion que le temps d’un entraînement, où son piètre niveau alerta les dirigeants du club. Une plainte a été déposée. Cette arnaque semble toucher des centaines de joueurs à travers le monde.

Rôle : À quoi sert l’agent sportif ?

La concurrence est tellement rude dans le sport de haut niveau, que pour réussir, il est nécessaire d’être concentré sur ces performances et son hygiène de vie. L’agent de joueur au football est là pour décharger le joueur de tous les tracas administratifs, toutes les discussions avec les clubs qui prospectent.

Une relation de confiance est nécessaire entre les deux parties. Le rôle de l’agent de joueur ne se cantonne d’ailleurs pas qu’à la partie administrative. Son travail est de conseiller son client sur ses choix de carrières afin qu’elle soit le plus longue possible et la plus accomplie.

Avec l’arrivée des réseaux sociaux, la communication est devenue centrale dans la carrière d’un joueur professionnel. Il est nécessaire de maîtriser la communication, éviter les polémiques. L’agent filtre toutes les sollicitations afin que le joueur se consacre à sa récupération et à ses performances sportives.

Les certifications nécessaires pour le métier d'agent de joueur

En France, la profession d'agent est réglementée, plus que dans beaucoup d'autres pays. Pour obtenir la certification, il faut passer un examen. On recense actuellement 523 agents officiels : vous pouvez consulter la liste des agents certifiés sur le site du FFF.

Le taux de réussite pour ce concours est de moins de 5 %. Les candidats doivent avoir un casier judiciaire vierge et peuvent être contrôlés par la DNCG et la LFP.

Quelques conseils pour éviter les pièges de faux agents

La FIFPRO propose quelques conseils qui vont vous aider à déceler les voyous des vrais professionnels du football.

Conseil 1 : Avoir des contacts réels

Le rôle de l’agent est avant tout de vous connaître afin d’apporter les vrais bons conseils qui vont vous aider à vous épanouir dans votre carrière. Il lui est donc impossible de vous connaître si aucune rencontre n’a jamais eu lieu.

Conseil 2 : N’avancez jamais d’argent à votre club

Lorsqu'un club souhaite vous proposer un essai, vous n’avez pas d’argent à avancer. Tous les frais sont à la charge du club.

Il n’y a ainsi aucune raison de payer un intermédiaire pour qu’il organise une rencontre.

Surtout s’il vous demande d’effectuer les paiements sur Western Union ou autres services de paiements qui leur permettent de rester anonymes. En général, c’est l’inverse, si votre enfant est talentueux, on va vous payer pour représenter votre enfant.

Conseil 2 : Attention aux promesses trop belles

Votre but est de finir professionnel dans un top club. Même si certaines carrières à la M’Bappé, Pedri ou Haaland nous prouve que c’est possible d’aller dans un club majeur avant 18 ans, ces cas sont exceptionnels.

Méfiez-vous donc, quand un agent vous propose directement un club professionnel réputé alors que vous jouez encore dans l’anonymat d’un championnat régional.

Conseil 3 : Méfiez-vous des documents et des réseaux sociaux

Il est très facile de créer un faux profil d’agent sur les réseaux sociaux. Actuellement, l’agent Thomas Buanec en fait les frais.

Sa photo a été usurpée des dizaines de fois afin de créer de faux profils et d’entrer en contact avec les jeunes joueurs ambitieux. Il faudra alors vous renseigner un minimum sur les personnes qui vous contactent et leur réputation.

Conseil 4 : Exigez un contrat écrit

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Pensez à vous protéger avec la rédaction d’un contrat de joueur en bonne et due forme avant de vous engager dans des démarches et partenariats.