Laurent Blanc : Analyse de sa 1ère sur le banc de l’OL
Laurent Blanc, entraîneur principal à l'Olympique Lyonnais
Le retour de Laurent Blanc
Il est de retour sur le banc d’un club de Ligue 1, plus de 6 ans après l’avoir quitté : Laurent Blanc vient de signer en tant qu’entraîneur principal à l’Olympique Lyonnais pour 2 ans.
Après un début de saison catastrophique, la direction lyonnaise a décidé, suite au match nul 1-1 face au Toulouse FC le 07 Octobre dernier, de virer le technicien néerlandais Peter Bosz.
Plusieurs rumeurs circulaient laissant croire à des options diverses et variées quant au prochain coach lyonnais, c’est finalement Laurent Blanc qui est arrivé.
Les Girondins de Bordeaux (2007-2010), l’Équipe de France (2010-2012), le Paris Saint-Germain (2013-2016) puis Al-Rayyan (2020-2022), tel est le parcours de coach de la légende française. 4 championnats de France, 4 coupes de la Ligue et 2 coupes de France, tel est son palmarès.
Longtemps aidé par son bras droit, son ami, son interlocuteur auprès du vestiaire qu’est Jean-Louis Gasset, Laurent Blanc est cette fois accompagné de Franck Passi en tant qu’adjoint.
Contrat de 2 ans et déclarations sur un ton sérieux lors de sa conférence de presse de présentation, on remarque que le “Président” est venu pour redresser rapidement la barre et prendre des précieux points pour l’Olympique Lyonnais qui est déjà à 10 points de la 3ème place après 11 journées.
Remettre à flot un si gros bateau qu’est l’Olympique Lyonnais nécessite une force de caractère pour raviver la flamme d’un groupe qui semble essoufflé, mais cela demande aussi, comme toute équipe qui veut créer une dynamique, un projet de jeu cohérent.
De ce côté-là de l’équation, le staff lyonnais a opté pour une méthode radicale en changeant à la fois le système de jeu et les joueurs qui le composaient lors du dernier match face au Stade Rennais.
Des joueurs comme Sinaly Diomande, Jérôme Boateng, Houssem Aouar ou encore Moussa Dembélé retrouvaient le onze de départ tandis que Thiago Mendes, Tete ou encore Karl Toko Ekambi allaient s’asseoir sur le banc.
Du 433 (ou 442) avec Peter Bosz au 352 avec Laurent Blanc, les fondements de jeux et les intentions ont été très différentes, bien que le temps pour les mettre en place ait été court.
Cette question des intentions de jeu lors de ce premier match face au Stade Rennais sera au cœur de cet article qui aura pour but de les analyser, sans créer de conclusions hâtives positives ou négatives concernant le coach français qui n’est là que depuis une semaine.
Laurent Blanc : Analyse de sa 1ère sur le banc de l’OL : L’article qui tente de décrypter les nouvelles intentions lyonnaises, bonne lecture.
Partons du point de départ avant tout décryptage tactique. Ce point de départ c’est le système de jeu, le 352, ou 3142. Finalement, le “système” en tant que tel ne veut pas dire grand chose et ne traduit rien, ce qui est intéressant en revanche c’est l’animation du système.
Et cette animation a déjà, malgré peu de séances d'entraînements, été visible sur ce match. En tous cas, les intentions et les mises en places tactiques souhaitées se sont déjà partiellement montrées, même si c’était logiquement friable. Et oui, pas facile de sortir la tête de l’eau à un groupe qui n’a plus gagné un match depuis début Septembre.
Disons que les idées étaient claires, les réalisations floues.
3142, c’est surtout le système positionnel à la relance. Pistons à la médiane, ligne de 3 centraux large, trio au milieu avec une pointe basse et deux attaquants proches pour combiner.
Passons à l'analyse de la vidéo :
À ce moment de la phase de relance, trois circuits préférentiels ont été recherchés. Un circuit préférentiel est un processus de passes et/ou mouvements connu des individualités afin d’atteindre un joueur recherché en bout de chaîne dans une zone spécifique de déséquilibre.
Ici, lors du premier circuit préférentiel, l’objectif est de toucher Houssem Aouar dans la zone du demi-espace.
Les Lyonnais ont mis en place ce système par la coordination de mouvements “simples” visant à désorganiser le bloc. Premièrement, la volonté est de faire sortir Benjamin Bourigeaud de sa ligne de 4 milieux pour qu’il vienne presser Castello Lukeba. Dans le même temps, Nicolas Tagliafico élargit au maximum le bloc en serrant la ligne de touche.
La combinaison de ces deux mouvements offre une zone libre pour Houssem Aouar qui pendant ce temps s’est déplacé en conséquence. Voilà que l’OL s’est sorti de sa phase de relance et a pu faire monter le bloc face à des Rennais agressifs.
Ne négligeons par ailleurs pas la complexité et la rapidité de ces mouvements décrits. Les facultés cognitives sont mises à rude épreuve et la qualité technique est ici à un niveau supérieur.
L’objectif du deuxième circuit est tout autre et repose sur une structure positionnelle plutôt que sur de grands mouvements.
Jérôme Boateng, grand défenseur malgré ses récentes années compliquées, dispose toujours d’une vision de jeu couplée à sa qualité de passe très forte. Et Laurent Blanc, lui, s’en sert.
Positionné dans l’axe entre Castello Lukeba et Sinaly Diomande, il a su voir les angles de passes subtiles qui s’ouvraient à lui.
Le plus souvent, c’est l’axe direct vers Alexandre Lacazette ou Moussa Dembélé qui s’ouvrait et cela repose sur la structure de position du bloc lyonnais.
Et oui, face à un 442 compact type Genésio, l’axe est toujours bouché…sauf si vous positionnez vos joueurs dans les bonnes zones.
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Avec Maxence Caqueret et Houssem Aouar très larges, les deux milieux de l’axe Rennais se décalent très légèrement afin de les serrer de plus près, ce qui a ouvert l’axe de nombreuses fois.
Ajoutés à cela les visions d’espace de Moussa Dembélé et d’Alexandre Lacazette, et vous obtiendrez un circuit de relance Lyonnais qui fonctionne. Attention, cela fonctionne à ces conditions et sur ce match, face à un bloc rigide et plus bas les solutions risquent d’être moindres.
Finalement, le dernier circuit consistait, lui aussi, à rechercher directement les deux attaquants mais par une autre manière, un autre moyen.
Un moyen critiqué, dangereux bien qu’il paraisse rassurant, c’est le jeu long.
Ce circuit est bien loin d’être, à mes yeux, bête et insensé, au vu du comportement agressif Rennais, de la qualité aérienne de Moussa Dembélé et de la qualité de pied des 3 centraux.
La combinaison de ces trois facteurs a effectivement été une réussite pour les Lyonnais qui se sont créés bon nombre d’occasions comme cela.
Tout part des centraux qui ont souvent été pressés par les vifs attaquants Rennais, ce qui les a contraint à “allonger”. Ce jeu long est souvent réclamé par les deux attaquants sur ce match, qui se sont bien débrouillés avec des ballons aériens peu faciles à négocier.
Moussa Dembélé et Alexandre Lacazette ont été très proches ce qui leur a permis d’être respectivement présent au second ballon lorsque l’autre disputait un duel aérien.
Dernière chose importante, la perte du ballon est essentielle à préparer sur ces phases, et cela a été le cas avec un tandem Maxence Caqueret - Corentin Tolisso (puis Jeff-Reine Adelaïde) qui ne s’est jamais trop éloigné afin d’endiguer toute récupération à ce moment.
Relancer, ensuite il faut construire offensivement. Et autant dire que, bien que les relances furent, dans l’ensemble, réussies, les animations offensives ont été peu fructueuses.
Les milieux n’ont été que trop peu incisifs et les pistons pas assez avares en appels ce qui donnait souvent des possessions stériles et latérales. Le seul point positif a été ce duo d’attaque qui a su, par sa qualité de déplacement mutuel notamment, déséquilibrer les lignes adverses.
L’interligne DEF-MIL a été dévoré par Alexandre Lacazette qui n’a cessé d’y proposer des appels. De son côté, Moussa Dembélé a occupé la ligne défensive, avec un placement toujours vieux et menaçant qui a souvent embêté les centraux qui ne pouvaient sortir sur Alexandre Lacazette devant eux.
Finalement, les largeurs offertes par les pistons dans cette animation n’ont pas été tant exploitées que cela, faute d’appels et de coordination.
Avec une possession de balle supérieure à celle des Rennais, les Lyonnais n’ont que peu joué en transition mais lorsqu’ils l’ont fait, cela a été incisif et directement vers l’avant. La relation entre les deux attaquants Lyonnais a été mise en exergue encore une fois.
Ce qui frappe, c’est leur complémentarité dans les appels et notamment en transition où, dès lors que Alexandre Lacazette réclamait dans les pieds, Moussa Dembélé prenait la profondeur tête baissée.
Cette complémentarité semble avoir un bel avenir et c’est sûrement le plus bel espoir de ce premier match sous les ordres du Président.
Passons désormais au gros point noir de ce match :
L'animation défensive
Bien qu’il faille relativiser au vue de la qualité offensive adverse, l’animation défensive et plus particulièrement celle des pistons a été catastrophique. Quasiment jamais le Stade Rennais n’a buté sur un piston lors de ses phases offensives.
La source du problème défensif a été les mouvements incessants des milieux et attaquants, en remise et en profondeur.
Le simple fait de toucher le latéral Rennais Adrien Truffert pouvait causer le déséquilibre puisque cela a fait “effet domino” sur toute la ligne défensive.
Adrien Truffert touché => Malo Gusto sort dessus et libère un espace dans son dos => Un Rennais s’y insère => Sinaly Diomandé couvre et à son tour libère l’espace => etc…
A proprement parler, ces libérations d’espaces du fait des interactions pistons-centraux ne posent pas de problème si les porteurs sont embêtés et les espaces couverts rigoureusement. Mais quand cela n’est pas respecté, avec en plus du mouvement rapide en face, les espaces s’ouvrent.
Cet arrêt sur image pourrait faire croire à une transition défensive des lyonnais. Mais non, un simple mouvement de 3 passes en triangles a contribué à désorganiser entièrement la ligne défensive.
Mettons cela, pour le moment, sur le compte de l’adaptation au système de jeu.
Autre et dernier point concernant l’animation défensive : le comportement de la première ligne de pression.
Les intentions de ce match sur ce point semblent témoigner d’un Laurent Blanc agressif qui ne va pas hésiter à aller chercher haut ses adversaires, notamment sur les relances du gardien de but. Très peu de fois Steve Mandanda a pu jouer court avec ses centraux, il fut forcé à jouer long.
A voir si cela se confirme ou si ce n’était qu’une tentative sans suite.
Prometteur. C’est le mot que j’emploierai pour définir l’OL sur ce match et pour la première fois du Président sous ses nouvelles couleurs.
Prometteur dans le sens positif du terme : nous avons vu de belles choses qui, à terme et si elles sont maîtrisées, pourraient faire de l’OL une belle équipe.
Mais aussi prometteur dans le sens péjoratif du terme : l’OL, avec 14 points après 11 journées, n’est plus au temps des promesses et doit absolument s’alimenter en points. Espérons pour eux que ces intentions seront rapidement assimilées et qu’ils engageront des précieux points.
Rendez-vous donc Samedi 22 Octobre à 17h00 pour le match de l’OL face au MHSC pour constater les progressions.
Article rédigé par @PenseTonFoot