OM - RC LENS : Un match à deux visages
Match entre l’Olympique de Marseille et le RC Lens
Samedi soir, 21h, Stade Orange Vélodrome et 2 équipes qui proposent du jeu : le match entre l’Olympique de Marseille et le RC Lens paraissait, sur le papier, alléchant.
Et effectivement, le terrain a confirmé ce pressentiment d’avant match. Engagées et audacieuses sont les deux mots caractérisant les deux équipes pour débuter le récit tactique d’une rencontre qui a vu le Racing Club de Lens s’imposer 0-1 face aux Marseillais.
Première image et premier enseignement du cadre dans lequel nous devrons intégrer l'analyse vidéo. C’est une opposition de systèmes quasi-identiques que nous avons pu voir lors de cette rencontre.
Cette image a volontairement été capturé lors d’un temps de possession Marseillais, leur premier, puisque c’est cette configuration là en terme de possession qui a dominé une grande partie du match.
On remarque ici un plan de jeu légèrement différent pour les Lensois par rapport à leur habitude : le milieu de terrain a été renforcé avec cette fois Jean Onana titulaire à la place de David Pereira Da Costa. C’est Seko Fofana qui a emprunté le rôle de ce dernier en évoluant légèrement plus haut.
De ce fait, défensivement, le RC Lens évoluait dans un 532-523 large et haut dès qu’il le pouvait, avec un marquage individuel sur les trois centraux marseillais à la relance.
C’est encore plus parlant sur cette image. De plus, ici, ce qui est mis en valeur ce sont les espaces que laissent libre ces prises de risques lensoises.
Les deux demi espaces se retrouvent libérés puisque les deux milieux de terrain Marseillais décrochent très bas et sont marqués en individuel.
Peu accaparés quand il le fallait, ces demi-espaces ont été, comme souvent, occupés par Alexis Sanchez qui a souvent fait l’objet de relance semi-longue pour déverrouiller le verrou des deux premières lignes lensoises.
Ce qui est intéressant à comprendre ici, c’est l’audace des lensois dès les premières minutes de jeu au Vélodrome.
Cette prise de risque constitue un véritable danger dans le dos, mais peut aussi s’avérer payante dès lors que les solutions manquent à l’OM.
523 lensois défensivement face à un 3421 à la relance pour les Marseillais, on a vu l’audace.
Mais en face, l’audace marseillaise n’est pas moindre et a, je dirai, encore plus mis en danger les lensois, en tout cas en première mi-temps.
Activité et défense en avançant, l’OM le pousse aussi à l’extrême.
Dans sa structure de relance, le RC Lens positionne 2 de ses centraux dans la surface et Brice Samba est le métronome.
Les pistons sont haut et large, Abdul Samed décroche dans l’axe et Fofana-Sotoca proposent des solutions semi-longues.
Face à cela, l’OM répond en positionnant deux attaquants au marquage des deux centraux. Guendouzi et Veretout marquent Abdul Samed et les centraux suivent tous les décrochages.
Cela a mis en énorme difficulté le RC Lens notamment en première mi-temps et la fatigue inhérente à ces intentions aura raison, en premier, de l’OM qui va petit à petit relâcher la pression défensive et libérer des espaces sur les relances mi-longues :
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Les moments où l’OM pouvait exercer cette pression ?
Une fois la relance courte effectuée par Brice Samba, une zone presse se créait immédiatement autour du porteur du ballon qui se retrouvait enfermé.
En particulier, lorsque Salis Abdul Samed était touché dos au jeu, il se retrouvait poussé vers l’arrière par le duo Guendouzi-Veretout ce qui permettait au bloc olympien de progresser et d’enfermer le porteur.
Ce sont ces pressions et par conséquent ces récupérations près de la surface qui ont amené l’Olympique à être hyper présent dans la surface de réparation lensoise (43 ballons touchés dans la surface adverse, record de l’OM depuis qu’Opta analyse la Ligue 1 c’est à dire 2006/2007) mais en vain.
Une fois près de la surface, c'est-à-dire en quelques passes suite à ces récupérations hautes, l’OM ne s’est pas précipité.
Les circuits ont été respectés et la manoeuvre a été coriace face au bloc lensois qui, sur ces moments, était assez bas. Un circuit a notamment été mis en place et a énormément gêné les centraux lensois. Ce qui a pu embêter, c’est la présence dans les demi-espaces des Marseillais alors que le bloc lensois ne les ouvrait très peu une fois replié.
Dans cette zone, on retrouvait souvent Mattéo Guendouzi, Amine Harit ou Jonathan Clauss qui dézone énormément.
L’objectif était de toucher ce joueur dans cette zone, c'est-à-dire dans le dos des trois milieux lensois mais devant les centraux.
Comme analysé dans l’article sur l’OL de Laurent Blanc, cette zone est LA zone de déséquilibre par excellence car c’est celle qui gêne l’adversaire dans l’attitude qu’il doit avoir (le central sort ou le milieu descend ?). La décision était de faire sortir le central pour presser le joueur Marseillais présent dans le demi-espace, ce qui a donc libéré une autre zone qui se trouve dans le dos du joueur sorti de sa ligne.
Et c’est le très intelligent Alexis Sanchez qui se déplaçait très bien dans le dos du central, notamment Facundo Médina, pour apporter du danger.
Une autre manière de percer le bloc lensois a été d’écarter au maximum les trois centraux marseillais, également les pistons pour réduire l’efficacité du pressing lensois et progresser.
Cela a libéré des espaces face aux centraux qui ont attaqué les espaces libres. Chancel Mbemba a notamment été excellent dans ce domaine.
Toutes ces situations ont conclu la première mi-temps sur le score de 0-0. Un Olympique de Marseille très en jambe qui a énormément embêté les Lensois et qui aurait dû marquer. Mais l’OM n’a pas marqué, et la deuxième mi-temps va prendre une tournure totalement différente. Le coup de fatigue se ressent rapidement et les effets du pressing sur la relance Lensoise ne se font plus sentir.
Bloc long, pressions individuelles laxistes, plus de temps balle au pied pour les Lensois, manque de solutions à la relance.
On ne reconnaît plus l’Olympique de Marseille dans cette deuxième mi-temps et le RC Lens s’installe et prend confiance après avoir passé l’orage.
Les sang et or gardent la même philosophie et font basculer le match sur l’élément de la fatigue. Eux, sont moins émoussés que les Marseillais et gardent de la lucidité après avoir évité le pire lors des 40 premières minutes.
Ils prennent le jeu à leur compte et c’est plutôt l’Olympique de Marseille qui évolue en contre même légèrement avant la pause. C’est le choc entre Przemysław Frankowski et Pape Gueye juste avant la pause qui va interrompre les ardeurs marseillaises, comme un contre coup après un arrêt de jeu de plus de 3mn.
Mais ces contres sont, soit mal joués, soit interrompus immédiatement par les retours express des joueurs lensois.
Un supplément d’énergie considérable qui a marqué la rencontre
9 secondes séparent les deux images suivantes : sur le T1 on voit un bloc qui vient d’attaquer et se trouve haut suite à un CPA. Sur le T2, le bloc est replacé et l’OM n’a pas le temps de profiter des espaces.
L’Olympique de Marseille est assommé pour de bon lorsque David Pereira da Costa entre et virevolte dans les interlignes marseillais qui s’agrandissent. Son but scelle le sort des Marseillais qui sortent perdant d’une rencontre qu’ils ont pourtant sur-maîtrisée en première période.
Cette défaite ressemble à un paradoxe pour l’Olympique de Marseille : un beau jeu et de belles intentions qui conduisent à une troisième défaite de rang.
Peu importe les conséquences et l’emballement qui pourrait suivre ce revers, l’OM doit garder en tête ce match et s’en servir pour la suite. Ce contenu était certainement le meilleur proposé sous Igor Tudor et doit être reproduit. À cet OM d’être plus réaliste dans la surface adverse pour clore le match dès la première mi-temps et gérer les secondes périodes et leurs temps faibles d’une meilleure manière.
De son côté, le RC Lens se place dauphin du PSG avec cette victoire et continue son chemin. Tout sauf surprenant au vu de la cohérence du jeu proposé depuis 2 saisons. Si en plus ils sont capables de gérer les temps faibles comme face à l’OM et vont chercher ce brin de réussite comme sur le but, alors cette équipe peut continuer d’être dangereuse et prodigieuse.
Rendez-vous dès mercredi en Ligue des Champions pour l’Olympique de Marseille avec un déplacement à Francfort en guise de réveil. Quant à eux, les lensois voudront une énième fois confirmer face au Toulouse FC en ouverture de la 13ème journée ce vendredi.
Article rédigé par @PenseTonFoot