Philippe Brutsaert : Scout pour les équipes de jeunes de la RBFA
Dans cette interview réservée à Formations Football, Philippe Brutsaert, scout pour les équipes de jeunes de la RBFA, nous partage son expérience sur comment repérer et recruter les talents cachés.
Qui est Philippe Brutsaert ?
Philippe Brutsaert est le scout pour les équipes de jeunes de la RBFA. Fort d'une carrière de plus de 20 ans en tant que directeur de centres de formation dans plusieurs clubs professionnels, il est aujourd’hui responsable du programme d’identification des potentiels pour la Fédération Belge de Football, particulièrement dans la partie francophone du pays.
Découvrez son profil et son avis d'expert sur comment repérer et recruter les talents cachés.
Interview de Philippe Brutsaert
Philippe, pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours et votre rôle actuel ?
Philippe Brutsaert : Je suis belge et j'évolue dans un environnement différent du football français. Deux tiers-temps, je suis professeur d'anglais en terminale. J'ai surtout surtout été directeur de centres de formation pendant 20 ans dans trois clubs professionnels belges. Aujourd’hui, je suis responsable du programme d’identification de potentiels pour la partie francophone du pays. Mon rôle est d’organiser les formations pour scouts, d'identifier des jeunes talents "hors circuit" et d'accompagner ceux qui ont échappé au système des clubs élites.
Quelles sont les différences entre les centres de formation belges et ceux en France ?
Philippe Brutsaert : En Belgique, intégrer un centre de formation signifie garder une vie d’étudiant normale. Les entraînements se déroulent principalement le soir, car il n’y a pas encore assez de partenariats avec les écoles pour libérer les jeunes en journée.
Contrairement à la France où les jeunes sont logés et nourris dans les centres dès 14-15 ans, en Belgique, cette structure n’existe que partiellement. Les clubs comme Anderlecht ou Bruges commencent à y travailler, mais cela reste l'exception.
Pourquoi certains jeunes talents passent-ils "à côté" des clubs élites ?
Philippe Brutsaert : La principale raison est que les clubs cherchent trop souvent la performance immédiate au détriment du potentiel. Par exemple, un joueur plus petit ou moins rapide peut être écarté alors qu'il a un avenir prometteur.
En Belgique, il y a aussi un déséquilibre géographique : la Flandre est mieux dotée en clubs professionnels que la Wallonie, ce qui limite les opportunités pour les jeunes talents francophones.
Quelles initiatives avez-vous mises en place pour ces jeunes ?
Philippe Brutsaert : On a créé un "pôle élite" pour les jeunes issus du football régional. Ces joueurs affrontent chaque semaine des équipes de centres de formation élite comme Anderlecht ou Bruges.
Les résultats sont impressionnants : cette année, notre groupe de jeunes n’a perdu aucun match face aux grands clubs. Cela prouve qu’il existe encore des talents inexplorés en dehors du système élite.
Vous proposez une formation dédiée aux scouts. En quoi consiste-t-elle ?
Philippe Brutsaert : Nous avons développé deux niveaux de formation :
- Le niveau 1 est une initiation. Il comporte 5 séances (3 théoriques et 2 pratiques) pour apprendre à distinguer performance et potentiel, les bases de l’observation.
- Le niveau 2 est beaucoup plus approfondi. Il comprend 30 heures de théorie et 20 heures de pratique, avec un focus sur les biais cognitifs, l’analyse vidéo et l’évaluation structurée des joueurs.
On demande aux participants d’observer des matchs à différents niveaux (élite, provincial, régional) et de produire des rapports détaillés sur des plateformes dédiées.
Quels sont les critères que vous jugez les plus limitants chez un joueur ?
Philippe Brutsaert : L’explosivité est déterminante dans le football moderne. Un joueur qui manque de vitesse d’exécution ou d’anticipation aura du mal à réussir. On observe aussi la prise de décision : chez les garçons, cette compétence se développe jusqu’à 22-23 ans. Chez les filles, elle se stabilise plus tôt, vers 18-19 ans.
Existe-t-il un poste particulièrement en pénurie en Belgique ?
Philippe Brutsaert : Oui, le poste d’arrière latéral gauche. Aujourd’hui, il n’y a que 14 Belges titulaires à ce poste en première division mondiale. Le problème, c’est que lorsqu’un gaucher est talentueux, on le positionne souvent comme ailier ou milieu offensif plutôt qu’en latéral.
Nous nous concentrons donc sur la reconversion de certains joueurs vers ce rôle stratégique.
Avez-vous un exemple de réussite concrète grâce à votre programme ?
Philippe Brutsaert : Oui, nous avons un jeune qui jouait dans un club régional il y a tout juste un an. Grâce à notre programme, il est aujourd’hui en équipe nationale U18. C’est une preuve que des joueurs de grand potentiel peuvent échapper aux radars traditionnels des clubs élites.
Conférence Formations Football avec Philippe Brutsaert
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